Voyage en Mongolie à vélo – neuf jours au cœur de la steppe
Neuf jours de vélo à travers le Zavkhan, d’Uliastai jusqu’à Tosontsengel. Un véritable voyage à vélo en plein centre de la Mongolie, en totale autonomie, à travers des régions parmi les plus isolées du pays. Un peu plus de 400 kilomètres parcourus, dont sept jours passés sans croiser la moindre route goudronnée : seulement des pistes sableuses, et des horizons qui semblaient ne jamais finir. Les deux derniers jours, le bitume a refait surface, étrangement roulant sous nos roues, après tant de temps passé dans le sable ! Voyager en Mongolie à vélo, c’est accepter l’isolement et une immersion totale dans les grands espaces.
Une aventure à vélo off-road dans la steppe et les dunes
Préparer son voyage à vélo en Mongolie
Le tracé a été imaginé par Damien, mon acolyte de voyage à vélo, à partir d’images satellitaires. Il s’en est servi pour repérer les pistes, les rivières, et tracer un itinéraire plus ou moins théorique à vélo. A dessein, nous garderons un voile de mystère sur cet itinéraire, afin de préserver l’isolement et l’authenticité de ces lieux magiques, mais aussi pour que le bonheur de la découverte reste intact pour les prochains voyageurs à vélo en Mongolie.
Notre arrivée en Mongolie se fait par avion, plus ou moins facilement depuis l’Europe, entre quinze et vingt heures de voyage selon les correspondances. Pour un voyage à vélo en Mongolie, l’avion reste le moyen le plus simple d’accès, même si la logistique des vélos peut parfois réserver des surprises. Les bagages, eux, ne suivent pas toujours… Ce qui nous a valu deux jours d’attente à Oulan-Bator pour récupérer le vélo de Damien.
Le point de départ de notre aventure se trouve à 1000 kilomètres de la capitale. La route est goudronnée, mais son état laisse quelquefois à désirer. Entre les nids-de-poule, les sections en terre et les nombreux animaux sur la route, le trajet n’a rien d’une simple formalité. Nous mettrons deux jours en Jeep avec les vélos sur le toit pour rejoindre Uliastai, porte d’entrée de notre périple. Cette longue approche fait partie intégrante d’un itinéraire vélo en Mongolie, où les distances sont immenses et les infrastructures limitées.
Jour 1 et 2 – Découverte de la steppe mongole à vélo

Pédaler au milieu des vallées et des yourtes
Les deux jours sont marqués par un paysage marqué de très larges vallées, des troupeaux de chevaux traversant la steppe, et nous qui pédalons vers l’infini ! Dans la steppe mongole à vélo, la notion de distance prend une tout autre dimension. Les vélos sont très chargés, car nous avons de la nourriture pour dix jours et dix litres d’eau chacun. En cyclotourisme en Mongolie, l’autonomie est indispensable, tant pour l’eau que pour la nourriture. La progression est lente, car les pistes sont en “tôle ondulée”, ce qui nous ralentit fortement. Fin du premier jour, nous posons nos tentes sur le flanc de la vallée ; la vue est imprenable et les températures chutent doucement, jusqu’à -5 °C — et ce sera comme ça toutes les nuits.

Les paysages varient peu : la steppe, de plus en plus vaste, nous accueille, et nous croisons des familles nomades vivant en yourte. Il n’est pas vraiment facile de s’approcher des yourtes à vélo car les chiens de garde peuvent attaquer. Les Mongols sont très gentils et viennent nous voir à cheval, à moto ou en voiture lorsqu’ils passent dans la vallée. Les discussions sont sommaires, car nous n’avons pas de langue en commun, mais un sourire et un regard suffisent pour partager un moment ensemble avant de repartir. Ces rencontres font partie intégrante de l’expérience du voyage à vélo en Mongolie et illustrent l’hospitalité nomade.
Après 110 km direction nord-ouest, le soir du deuxième jour, nous atteignons un petit village isolé et dormons dans une ancienne banque, reconvertie en guesthouse sommaire : trois lits, une table et une lampe font l’affaire.
Jour 3, 4, 5 – « Rouler » à vélo au cœur des dunes et du lac d’émeraude
Notre chemin part ensuite en direction d’un vaste désert de dunes de sable. Une section exigeante de ce voyage off-road à vélo en Mongolie, où le sable rend la progression particulièrement éprouvante. La météo humide rend les pistes boueuses, et nous devons parfois pousser les vélos, aussi bien en montée qu’en descente.
Un berger à cheval passe nous voir, sans doute curieux de comprendre ce que nous faisons ici, à vélo. Plus les kilomètres passent, plus le paysage change : les larges steppes font place à des vallées plus étroites, qui débouchent sur des déserts de dunes. Le soir du troisième jour, nous posons notre tente au pied des dunes.
Le jour suivant se révèle être le plus beau de tous. Nous devons contourner le désert et franchir un col à 2 700 m, offrant une vue imprenable sur les environs, avant de redescendre vers un lac. Le défi : la plus grande partie n’est pas pédalable ! Le matin, nous progressons doucement le long des dunes et croisons la route de quelques yaks. Vient ensuite un passage en fond de vallée rempli de sable mou : pas le choix, il faut pousser les vélos.

Nous sommes seuls à progresser lentement, lorsqu’un loup, perché sur la pente, se met à hurler. Toujours en train de pousser les vélos, nous nous faisons doubler par un troupeau de vaches ! Enfin, nous sortons du sable pour entamer la montée — ou plutôt le mur : 750 m de dénivelé, tout droit, en suivant une piste de 4×4 extrêmement raide. Impossible de pousser les vélos chargés… Nous devons laisser les sacoches arrière en bas, monter les vélos, puis redescendre les chercher. Ce genre de passage rappelle que traverser la Mongolie à vélo est autant une aventure physique que mentale.


Toujours seuls dans cette immensité, au cœur de cette épreuve sans fin ! Heureusement, le paysage est magnifique : les lumières du soir donnent une teinte orangée aux dunes et aux montagnes. Les loups continuent de nous accompagner et, après seulement 20 km, la tombée de la nuit nous oblige à poser la tente en haut, à 2 700 m d’altitude.
Une tempête de neige souffle toute la nuit, accompagnée d’un fort blizzard, nous bloquant plusieurs heures dans la tente au matin du cinquième jour. En Mongolie à vélo, la météo peut changer brutalement, surtout en fin de saison, rendant chaque journée imprévisible. La météo annonce une accalmie à midi, alors nous rangeons tranquillement nos affaires. À midi, le vent tombe enfin et nous distinguons un peu la piste. Nous commençons par pousser les vélos, puis, très vite, nous parvenons à pédaler : la neige n’est pas épaisse.
Les paysages grandioses le long de la crête resteront cachés et mystérieux, dissimulés derrière le voile blanc. Nous redescendons ensuite dans la vallée, où la météo se montre plus clémente. Un dernier « petit » col à passer, et nous descendons pour de bon vers un grand lac d’eau claire et bleue, entouré à l’ouest par des montagnes de dunes. C’est une destination touristique prisée des Mongols en été, mais en cette fin septembre, nous nous retrouvons seuls au bord du lac en entendant encore des loups dans les environs.

Jour 6 et 7 – Grandes vallées d’altitude et forêts de mélèzes
Nous repartons vers l’est, longeons le lac et pénétrons dans une autre vaste vallée sans fin. Il nous faudra toute la matinée pour en venir à bout : au moins six à huit pistes se déroulent en parallèle, toutes aussi remplies de tôle ondulée les unes que les autres ! Nous croisons plusieurs familles nomades occupées à démonter leur yourte et à déplacer leurs troupeaux vers le camp d’hiver. L’hiver arrive, c’est certain.
L’après-midi, nous bifurquons vers une petite vallée et franchissons (en poussant les vélos bien évidemment) un petit col pour rejoindre à nouveau les dunes de sable. Nous verrons de près pour la première fois une forêt de mélèze. Cette fois, elles ont la particularité d’être en forme de demi-lune, et, niché dans leur creux, se trouve un lac. Nous longeons la rivière qui passe au pied des dunes et posons le camp, seuls dans ce paysage.
Après quatre jours passés près des dunes, il est temps pour nous de leur dire au revoir. Nous nous éloignons vers l’est. Les pistes deviennent moins sableuses au fond des vallées, même si le terrain reste sec. Nous passons un col surmonté d’un ovoo, un tas de pierres décoré d’un mât et de tissus bleus, symbole religieux mongol. Un caillou et un billet feront office d’offrande, et trois tours dans le sens du soleil nous apporteront la chance.
L’après-midi est rythmée par une longue descente dans une belle vallée sèche, où même la rivière est à sec. Plus nous descendons, plus les sommets autour de la vallée se couvrent de neige. Peu à peu, la neige gagne du terrain, jusqu’à recouvrir toute la vallée : nous voilà une fois de plus à pédaler dans la neige et la boue.
Les paysages, saupoudrés de blanc, sont magnifiques, mais nous commençons à nous interroger sur la faisabilité du reste du parcours, car nous entrons dans une nouvelle zone montagneuse. La chance nous sourit : en fin de journée, nous devons traverser l’unique route asphaltée de la région, et nous comprenons que cela marquera la fin de notre voyage off-road. Les routes asphaltées en Mongolie sont rares dans ces régions, et marquent une rupture nette avec les pistes de la steppe.

La neige semble déjà bien installée dans le Khangai. Nous établissons donc notre campement sur la neige, à côté d’un troupeau de yaks.
Jour 8 et 9 – L’arrivée à Tosontsengel

Une très longue route toute droite nous attend. Elle est déneigée, et dès que nous quittons le massif montagneux, les températures remontent légèrement. Sur notre chemin, nous croisons des éleveurs, à cheval ou à pied, qui tentent de faire monter leurs moutons dans un camion — un véritable spectacle auquel nous assistons, amusés et curieux.
Les kilomètres défilent : après sept jours passés dans la steppe, nous avançons enfin vite ! Malgré la longueur de la route (130 km), ces deux jours ne sont pas monotones. Le paysage change régulièrement, les animaux nous observent passer, et nous traversons même un petit village avec une école, une épicerie et un temple bouddhiste. Nous contournons une dernière montagne aride avant d’arriver à Tosontsengel : clap de fin pour notre aventure. Après plus de 400 kilomètres, nous venons de traverser une toute petite partie du centre de la Mongolie à vélo.
Il nous reste encore quelques jours à passer en Mongolie, pour découvrir les forêts de mélèzes de Tsetserleg… cette fois, à cheval.
Le vélo et l’équipement pour un voyage à vélo en Mongolie

Le choix du matériel est crucial pour un voyage à vélo en Mongolie, où les pistes mettent les vélos à rude épreuve. Côté vélo, mon vélo Coco a été conçu pour ce voyage : des pneus très larges étaient nécessaires, 57 mm de largeur, 60 ou plus auraient été appréciables. Un vélo de type gravel robuste ou un vélo de bikepacking est particulièrement adapté à ce type de terrain. Les pistes étaient en mauvais état, un vélo confortable est indispensable. Le guidon Surly corner bar aura vraiment aidé à réduire la fatigue dans les mains et les bras.
Côté selle, j’ai opté pour la Specialized Power Comp qui absorbe bien les vibrations. La transmission 2×11 vitesses (26/36, 11/42) permet de passer presque partout chargé et reste très confortable non chargé aussi. Pour recharger mon téléphone, j’avais installé un chargeur Igaro sur ma dynamo, utile même à faible vitesse. Au final, un vélo qui a très bien enduré ce voyage, avec zéro pépin mécanique !
Ce voyage à vélo en Mongolie restera une aventure hors norme, mêlant solitude, grands espaces et immersion totale dans la steppe.